« Je franchis rapidement les cent mètres qui mènent de la rue Colon à la place Zabala. (…) Nous avons reçu un message radio provenant du standard de garde des urgences du 911, qui nous a informé, d’après un appel émanant d’une voix féminine qui n’a pas voulu décliner son identité, appel passé depuis une résidence de la rue Treinta y Tres à l’intersection de la rue Juan Carlos Gomez. (…) A l’intersection des rues Basilea et Blanes, à Carrasco, la Mercedes Benz immatriculée à Montevideo, appartenant au disparu, a été retrouvée abandonnée. (…) Ensuite nous prendrons le boulevard Artigas et la Ruta 1. (…) De nuit, je n’aime pas traverser la place Independencia, marcher sous ses ombres gigantesques. Je décide de faire passer le temps, descends jusqu’à la Rambla par la Ciudadela. (…) Je remonte la rue Paraguay, prends l’avenue 18 de Julio, qui est déserte, me gare juste devant Los Tejos ; à cette heure il n’y a presque personne dans le centre. (…) Je reviens à la rue Paysandu qui défile à travers les vitres de droite, l’équilibre de la coupole des Augustins, l’horrible Banco Central. (…) Rue Sarandi, je descends par Zabala en direction du port. (…) Je descends au coin de la 21 et de la rue Ellauri, je me dirige vers l’ouest, de là au parc Villa Biarritz, il n’y a que quelques mètres.»
Ursula Lopez, une femme dans la quarantaine, est traductrice. Elle est obèse. Elle voudrait maigrir. Rien n’y fait. Elle a essayé en vain différents régimes. Elle assiste, à reculons, aux réunions hebdomadaires des « Obèses anonymes ». Elle vit seule dans un appartement de la vielle ville. Elle est agacée par sa voisine de l’étage supérieur qui marche fréquemment avec de hauts talons dont les claquements l’insupportent. Elle a perdu sa mère puis son père qui a été l’amant de sa tante et qui la dénigrait par des observations à propos de son surpoids. Elle a une sœur cadette qui est belle, mince, mariée à un homme beau, riche et trop bavard mais n’a pas l’air heureuse.
Santiago Losado, un célèbre entrepreneur de la capitale, est arrêté sur la route de l’aéroport par un contrôle de police. L’agent qui le fait descendre de son véhicule, l’assomme, l’endort à l’aide de chloroforme et l’embarque avec un complice dans une camionnette. Ils veulent demander une rançon à l’épouse dont il vit séparé et qui s’appelle, elle aussi, Ursula Lopez. (suite…)