POLARS DU MOZAMBIQUE

MAPUTO par Jean-Christophe Rufin: Les trois femmes du Consul (Editions Flammarion et Folio policier)

« Dans la capitale mozambicaine où sont situés l’ambassade de France et la plupart des bâtiments officiels, les Portugais ont tracé de larges avenues. Elles sont bordées de vrais trottoirs plantés d’arbres et pavés de calades noires et blanches où l’on a plaisir à marcher. (…) En s’éloignant du centre de Maputo, il découvrit les immenses quartiers africains qui entourent la capitale mais sont rigoureusement séparés des anciennes zones habitées par les colons. On y trouve les rues de terre, les petites maisons enchevêtrées, la foule africaine bariolée. (…) C’était une extension de la ville, construite dans les années 50, où l’on ne voyait aucun immeuble. Les rues étaient encadrées de hauts murs qui cachaient des villas sans étage, entourées de végétation. (…) Le cimetière de Maputo, dans sa forme actuelle, est une invention des Blancs. On sent qu’il a connu son heure de gloire en même temps que la colonie. Les plus belles tombes dataient de l’entre-deux-guerres, avec leurs pierres sculptées en forme de fronton, leurs ex-voto entourés d’azulejos et la calligraphie soigneuse, en lettres majuscules, du nom des défunts. »

Roger Béliot, retraité des travaux publics, propriétaire d’un hôtel, est repêché de sa piscine. Il ne s’est pas noyé. Il a auparavant été ligoté et torturé avant de mourir. Des ecchymoses et des brûlures sous ses pieds en témoignent. L’homme avait une réputation détestable. Son établissement n’avait que très rarement des clients. Il harcelait et houspillait ses employées au vu et au su de tous. Il passait ses journées au bord du bassin en buvant du whisky. Sa première femme, Françoise, est arrêtée et emprisonnée par la police mozambicaine qui est persuadée de sa culpabilité. Elle était arrivée de France quelques semaines plus tôt pour réclamer à Béliot la moitié de l’hôtel et de son terrain. Devant son refus, elle avait intenté une action en justice, en apparence perdue d’avance, et l’avait menacé. L’homme s’était remarié avec Fatoumata, issue d’une prestigieuse famille locale. Il avait en outre pour maîtresse Lucrecia, une jeune fille de quatorze ans qui attend un enfant de lui. (suite…)