« Le Phare du bout du monde, cantina aux airs respectables, était situé dans le centre historique de la ville féodale d’Atzcapotzalco, qui à une époque par si lointaine se situait encore en dehors de Mexico et qui n’était plus aujourd’hui qu’une banlieue industrielle de plus, avec ses pittoresques haciendas en ruine, ses cimetières, ses églises de village et une monstrueuse raffinerie, orgueil de la technologie des années 50. (…) Devant le monument à la Révolution, il prit un bus de la ligne Carretera-Norte. (…) Il fit ainsi le trajet jusqu’au Rancho del Charro. (…) Quand il descendit au coin de la rue Brenner, il pleuviotait. Le quartier ne lui était pas inconnu. (…) Il ne voulait rien savoir de ce quartier industriel qui avait poussé entre la poussière et la misère, et où cent mille émigrants de la campagne avaient été engloutis au cours des cinq dernières années. Ils avaient été incorporés aux mares de soufre, à la poussière suspendue, aux flics soûls. Aux escrocs vendeurs de terrains, aux abattoirs illégaux, aux salaires en dessous du minimum, au froid amené par le vent de l’est, et au chômage. Ici, l’industrie continuait à sentir le XIXe siècle. (…) Il prit l’avenue Insurgentes et fila vers la Colonia Napoles. Le vent de l’Ajusco entrait par les deux fenêtres et lui fouettait le visage. »
Hector Belascoaran Shayne, « détective indépendant », se voit confier simultanément trois enquêtes.
La première paraît la plus farfelue. Un homme qui l’aborde dans un bistrot lui demande de rechercher Emiliano Zapata, le plus célèbre révolutionnaire mexicain. Le héros n’aurait pas été tué en 1919 dans l’hacienda de Chinameca où son cadavre aurait été identifié. Il aurait envoyé un de ses compagnons à sa place. Depuis, après bien des tribulations, Zapata, âgé de 97 ans, se cacherait dans une grotte. Hector doit retracer son parcours et rencontrer des gens, forcément âgés, qui auraient croisé sa route. (suite…)
POLARS ETHNIQUES 