Mois: mars 2020

LE LAC JOCASSEE (CAROLINE DU SUD) par Ron Rash : Un pied au paradis (Editions Gallimard et Folio policier)

RASH PIED AU PARADISLe lac Jocassee, d’une superficie de 30 kilomètres carrés, se situe dans le nord-ouest de l’Etat de Caroline du Sud. Dans le parc national de Devils Ferk. Il est alimenté par quatre rivières qui coulent de la chaîne des Appalaches et confèrent clarté et fraîcheur à son eau. Relié au lac Keowee par la rivière du même nom, il est proche du village de Salem (135 habitants) et de la ville de Seneca (75.000 habitants). Au bord de la forêt nationale de Semter, il attire pêcheurs, randonneurs et amateurs de canoë et de kayak dans le comté d’Oconee, subdivision de la région de l’Upstate où commence l’escarpement des montagnes Blue Ridge dont la Sassafras culmine à 1085 m). Ce décor idyllique a une histoire qui l’est beaucoup moins puisque le lac Jocassee est, en réalité, un réservoir créé en 1973 sur ce territoire anciennement peuplé par deux tribus cherokees. Celles-ci ont ensuite été supplantées par des agriculteurs qui ont péniblement travaillé cette terre peu fertile où a prévalu la culture du tabac. Lorsque la décision de réaliser ce lac artificiel a été prise, cela a entraîné l’expropriation de fermes, l’inondation d’un village entier avec aussi son cimetière et endommagé une flore riche et originale.

« Un pied au paradis » débute dans les années 50 à l’issue de la guerre de Corée et se termine au moment de l’enfouissement de ces terres sous les eaux. Holland Winchester est l’un des héros décorés de cette guerre. Il traîne et se bagarre dans le bar du coin. Il est mis à l’amende par le shérif. Quinze jours plus tard, celui-ci est prévenu par son adjoint que l’homme a disparu. (suite…)

LA HAVANE par Leonardo Padura : Hérétiques (Editions Métailié et Points)

PADURA HERETIQUES« De cette hauteur vertigineuse, la vue embrassait une étendue démesurée sur une mer tentatrice, striée de bandes incroyablement nettes, dont les couleurs et les nuances se modifiaient sous le fouet implacable du soleil. Le serpent gris du Malecon, allongé sous les pieds des vigies improvisées, dessinait un arc précis, oppressant, dans un contraste saisissant, comme s’il accomplissait avec joie sa mission de rempart entre l’intérieur fermé et l’extérieur ouvert, entre le monde connu et le monde possible, entre le surpeuplement et le désert. Du haut de cette montagne d’acier et de ciment qui dévoilait une généreuse portion de l’océan, on ne voyait aucune embarcation ce qui renforçait la sensation désolante de se trouver face à un espace interdit et hostile. (…) Le vieux quartier havanais leur révélait son éternel aspect sordide et son délabrement irréversible, de plus en plus flagrant et même blessant. Les maisons, dont la plupart ne bénéficiaient pas d’une terrasse sur le devant, avaient des portes crasseuses donnant directement sur des trottoirs sales. Les rues, pleines de profonds nids de poule d’ascendance historique, où croupissaient toutes les eaux possibles, semblaient avoir subi un bombardement méthodique. Les constructions, pour la plupart de matériaux peu nobles, qui avaient dépassé le cycle vital pour lequel elles avaient été programmées, exhalaient sans grâce leurs derniers soupirs. »

Le commerce de livres anciens de Mario Conde n’est guère florissant. Alors, lorsque Elias Kaminsky, un peintre de New York sur les traces de sa famille, lui propose cent dollars par jour pour découvrir quelle a été le parcours d’un tableau de Rembrandt qui a appartenu à sa famille jusqu’en 1939 avant de disparaître puis avant de près de refaire surface soixante-dix ans plus tard dans une vente aux enchères à Londres. (suite…)

PORTSMOUTH par Graham Hurley : Disparu en mer (Editions Gallimard et Folio policier)

HURLEY DISPARU EN MER« La fenêtre de la chambre donnait au sud. Le soleil chauffait fort à travers la vitre et d’ici, sur les pentes de Portsdown Hill, il apercevait l’étendue brumeuse de la ville poussant jusqu’au scintillement du Solent et les basses eaux de l’île de Wight. Il y avait là en bas cent cinquante mille habitants entassés dans un dédale de rues flanquées de maisons mitoyennes. On ne pouvait ni circuler en voiture ni s’y garer. Les écoles tombaient en ruine. Les gosses erraient, incontrôlés. Et quand on trouvait du travail, le plus souvent on était payé une misère. Cependant, les gens s’accrochaient, collés à l’île-cité par quelque chose de plus fort que l’habitude. (…) Il vivait là depuis vingt ans  et avait appris à aimer le front de mer, avec son animation et les rues pavées, ombragées et tranquilles du vieux  Portsmouth, toujours hanté par les racoleurs, mais c’était à le Pompey des touristes, le vaisseau amiral de la ville, l’image que la mairie se plaisait à répandre sur ses affiches à travers le pays. (…) L’inspecteur s’offrit une bière et s’installa sur l’un des bancs de pierre aménagés depuis peu dans Point, le bout du tout petit promontoire de l’île des Epices. De là, la vue sur le port ne souffrait nul obstacle. Il aimait cet endroit pas seulement pour le front de mer mais pour la cité elle-même. »

Les policiers de la brigade criminelle de Portsmouth sont alertés par un habitant d’un logement social qui a entendu des bruits de lutte chez ses voisins. Ils trouvent sur les lieux le cadavre d’un vieil homme qui a été battu à mort. Appréhendé, le fils de celui-ci reconnaît rapidement sa culpabilité. Le petit fils est lui aussi interrogé et finit par avouer qu’il transporte qu’il transporte de la came pour un truand, Marty Harrison. (suite…)

IMAGES DES ANTILLES: MEURTRES AU PARADIS

MEURTRES AU PARADISCette série franco-britannique (Death in Paradise en anglais) a été créée par Robert Thorogood et réalisée par Richard Signy, David O’Neill et Alrick Riley. Elle se compose de onze saisons, de huit épisodes de 52 minutes chacun. Elle a été diffusée depuis 2011 sur BBC One et 2013 sur France 2 puis France O. Elle a pour principaux interprètes Ben Miller (inspecteur chef Richard Poole), Sara Martins (sergent Camille Bordey), Danny John-Jules (agent Dwayne Myers), Gary Carr (agent puis sergent Fidel Best), Don Warrington (commandant Selwyn Patterson), Elizabeth Bourgine (Catherine Bordey), Kris Marshall (inspecteur chef Humphrey Goodman), Josephine Jobert (sergent Florence Cassell), Toby Bakare (agent J.P. Hooper), Sally Bretton (Martha Lloyd), Ardal O’Hanlon (inspecteur chef Mooney) Shyko Amos (agent Ruby Patterson), Ralf Little (inspecteur chef Neville Parker) Aude Legastelois (Madeleine Dumas) et le lézard vert (Harry).

La série a été entièrement tournée en Guadeloupe et se passe dans l’île fictive de Sainte-Marie dont Honoré est la ville principale. Tous les épisodes sont construits selon un schéma pratiquement identique. Quelqu’un est tué dans des circonstances mystérieuses, parfois maquillées en suicide ou accident. La première difficulté pour les enquêteurs est de déterminer comment le meurtrier a pu perpétrer son forfait. Ils recherchent aussi des mobiles. Tout cela conduit à restreindre le nombre des suspects à quatre ou cinq personnes. (suite…)

NED CRABB

CRABB WILLOW PONDNed Crabb, Meurtres à Willow Pond, Editions Gallmeister, p.284

«  Cet art  de la tranquillité est plus difficile à pratiquer en société, en présence de gens avec qui l’on est pas intime, car la plupart des individus sont gênés par les périodes prolongées pendant lesquelles on ne dit absolument rien à ses compagnons immédiats. Plus long est le mutisme, plus aigu est le malaise, jusqu’au moment où les victimes du silence finissent par être si embarrassées qu’elles se sentent obligées de bafouiller n’importe quoi. Même le bavardage oiseux rompt la tension. »

La Daronne de Hannelore Cayre (Editions Métailié et Points policier)

CAYRE DARONNEL’existence de Patience Portefeux n’est pas un long fleuve tranquille. Peu décidée à y entrer, elle est née à dix mois, au désespoir de son père qui espérait un fils. Extorquée au forceps, elle en a gardé une bouche légèrement tordue. Elle a passé son enfance dans la maison familiale aux abords bruyants d’une six voies accidentogène. Son père, pied-noir tunisien, dirigeait une entreprise de transport routier qui n’employait que des repris de justice qui conduisaient des camions chargés de cargaisons complétées d’armes ou de morphine-base vers des pays d’Asie ou du Moyen Orient. Accessoirement, il abattait des cambrioleurs qu’il enterrait dans sa propriété. Sa mère, juive d’origine autrichienne, ne faisait rien, ne s’occupait ni du ménage, ni de l’éducation de sa fille. Patience a épousé un homme dont elle a eu deux filles et qui faisait fortune dans le conseil en développement de paris d’argent jusqu’à ce qu’une rupture d’anévrisme le terrasse lors d’un repas à Mascate, dans le sultanat d’Oman. (suite…)

NEW BRIGHTON par Carl Nixon : Rocking Horse Road ( Editions de l’Aube)

NIXON ROCKING HORSE ROADNew Brighton est une petite ville côtière en banlieue de Christchurch. « Le Spit est l’endroit le plus au sud du quartier de New Brighton qu’on peut atteindre sans se mouiller les pieds. C’est un long doigt de sable aride, dont la largeur maximale n’excède pas un kilomètre. (…) Le Spit est tout ce qui sépare les milliers de kilomètres glacés du Pacifique sud des eaux abondantes de l’estuaire formé par la rencontre des rivières Avon et Heathcote. (…) En fait, la totalité de New Brighton est coupée du reste de la ville par l’eau. L’Avon suit la côte avant de se jeter dans l’estuaire et fonctionne comme une sorte de douve. New Brighton donne l’impression d’être séparée du reste, telle une ville à part entière. (…) New Brighton était un quartier ouvrier dont les habitants laissaient traîner les carcasses de leurs voitures et leurs bateaux en chantier devant leurs maisons pendant des années. (…) En 1980, Rocking Horse Road n’était bordée que de deux rangées de maisons anciennes, chacune construite sur un terrain de taille convenable. (…) La frontière entre les dunes et les parcelles était totalement arbitraire. »

Le 21 décembre 1980, au petit matin, le corps nu de Lucy Asher, dix-sept ans, est retrouvé sur la plage par Pete Marshall, un adolescent de quinze ans. Elle a été violée et étranglée. Selon les constats effectués, le meurtre a été commis ailleurs avant que la victime ne soit jetée à l’eau. L’enquête de la police s’enlise rapidement. Un groupe d’une demi-douzaine d’adolescents du quartier mène des recherches de son côté. (suite…)

LA GOLD COAST par Tony Cavanaugh : Requiem (Sonatine Editions et Points policier)

CAVANAUGH REQUIEMLa Gold Coast est une agglomération de plus d’un demi-million d’habitants sur la côte Pacifique dans le sud-est de l’État du Queensland. C’est un haut lieu du tourisme avec ses plages, de nombreux parc d’attraction et l’immense tour Q1 de 323 mètres de heuteur à Surfers Paradise. « La Gold Coast est un peu le frère ou la sœur de la Sunshine Coast. Chacune est une sorte de vaste cour de récréation pour touristes et itinérants, une série de villes et de villages disséminés le long d’une côte magnifique qui ne semble pas avoir de fin. Des centaines de kilomètres de sable immaculé et de vagues. Au milieu de cette Mecque pour vacanciers, la capitale de l’État du Queensland, Brisbane et ses deux millions d’âmes. (…)La grosse différence entre les deux côtes, c’est qu’on a planté sur la Gold Coast quelques forêts de gratte-ciel – des tours édifiées dans les années 1970 – qui sont encore plus touffues en son cœur, une zone furieuse et violente nommée Surfers Paradise. (…) C’est très clinquant, tape-à-l’oeil. En octobre ils ferment les rues pour organiser une course d’IndyCar. Ils ont aussi des hippodromes où galopent des chevaux qui valent le prix d’une formule 1. Le premier casino du Queensland a été bâti ici. (…) Le plus haut gratte-ciel d’habitation de l’hémisphère Sud se dresse ici, au bord de la plage. Une grande plage. Avec de grandes vagues. »

Darian Richards, qui a démissionné de la police criminelle pour vivre paisiblement au bord d’une rivière en s’adonnant à la pêche, est rattrapé par son passé. Il reçoit un appel au secours de Ida, une étudiante autrichienne qu’il avait croisée lors de la traque d’un tueur en série qui avait fini par être abattu par Maria, sa coéquipière d’alors. Le message est bref : « Il faut venir. Vous seul pouvez m’aider. Il y a tellement de corps. » Puis l’appel est brusquement interrompu et Ida ne répond pas quand il tente de la reprendre contact. (suite…)

DE MARRAKECH A MADRID par Carlos Salem : Aller simple (Editions Moisson rouge et Babel noir)

SALEM ALLER SIMPLEMarrakech. La ville Rouge au centre du Maroc. « La Mamounia, l’hôtel le plus cher de Marrakech. (…) Je devinais les coupoles, l’ocre des murs et le parfum de richesse qui le séparait du reste de la ville comme s’il s’était trouvé sur le sommet d’une montagne. (…) Vous voyez cette tour ? C’est la Koutoubia, la sœur jumelle de la Giralda de Séville ». L’Atlas. Le massif ùontagneux qui culmine à 4157 mètres d’altitude. « Le soleil ne se décidait pas à paraître et perdait son temps derrière l’une de ces montagnes brèves et rondes qui additonnent leurs cîmes pour construire l’Atlas. (…) Je devinais de pauvres petits champs cultivés, délimités par des buissons ras entourant de modestes masures. »Melilla. L’enclave espagnole dans le Rif marocain. « La ville, avec son mélange de cultures m’enchanta. Des boutiques de design à côté de bazars d’articles arabes, tapis et djellabas dans une vitrine, ordinateurs et sexe virtuel dans l’autre. » Madrid. «  Je fus déçu de ne trouver aucun café spacieux avec des tables pour bavarder, de ceux dont Madrid était rempli dans les romans que je lisais jadis. Je dus me résigner à m’asseoir dans le Mac Donald’s de la Puerta del Sol. Je mangeai un truc qui s’appelait « mactruc ».

Octavio Rincon est un modeste employé du service de l’état-civil d’une petite ville proche de Barcelone. Dorita, son épouse tyrannique, meurt pendant une sieste dans l’hôtel de Marrakech où ils sont en vacances. Dans un dernier sursaut, są tête heurte la table de nuit. Octavio vide quelques bouteilles d’alcool du mini-bar. Paniqué à l’idée d’être accusé d’avoir tué są femme, il quitte są chambre et rencontre au bar Raul Soldati, un escroc argentin qui l’entraîne dans une salle de réception pour touristes avec un spectacle folklorique marocain. (suite…)

LONDRES DANS LES ANNEES 1880 par Arthur Conan Doyle : Une étude en rouge (Editions Robert Laffont et Librio policier)

CONAN DOYLE ETUDE ROUGELondres a vu sa population passer d’un million en1800 à 6,5 millions en 1900. Cette croissance quasi-exponentielle était due à l’exode rural, à l’afflux d’immigrants irlandais fuyant la famine des années 1840 et à l’arrivée de trente mille réfugiés juifs survivants des pogroms d’Europe orientale. La ville n’a pu les accueillir que dans des conditions précaires, des logements qui n’étaient que des taudis insalubres, ce qui a entraîné des fléaux de maladies telles que la variole, le choléra, le typhus et une forte mortalité. La « Grande Puanteur » de l’été 1858 a imposé la construction d’un système d’égouts qui a été terminé en 1885. Les infrastructures de transport se sont développées en conséquence : omnibus et tramways hippomobiles, chemins de fer dès 186 avec les gares de Paddington, Euston, Ling’s Cross et St. Pancras établies autour du centre-ville (West End et City), un premier métro allant de Paddington à la City et, en 1884, l’Inner Circle qui a relié les principales gares londoniennes. En 1880, le gaz d’éclairage a cédé la place à l’électricité.

C’est à cette même époque que le docteur Watson, blessé à l’épaule lors de la seconde guerre d’Afghanistan, est revenu en Angleterre en mauvaise santé et avec de faibles moyens financiers. Un infirmier qui avait travaillé sous ses ordres lui propose de partager les frais de location d’un appartement avec un excentrique qui traîne dans les hôpitaux et les laboratoires de chimie. L’homme s’appelle Sherlock Holmes et l’habitation se situe au n° 221 b, Baker Street. Tous deux emménagent rapidement dans les lieux. Holmes vante ses qualités de déduction, reçoit des clients et policiers pour lesquels il résout des énigmes sur base des maigres indices qu’ils lui fournissent. Intrigué et d’abord sceptique, Watson se laisse entraîner par Holmes qui est appelé à la rescousse par deux inspecteurs de Scotland Yard qui enquêtent sur la mort d’un homme dont le corps a été retrouvé dans une maison désaffectée. (suite…)