POLARS DU SENEGAL

DAKAR ET SES ENVIRONS par Abasse Ndione : Ramata (Editions Gallimard et Folio policier)

NDIONE RAMATA« Vous avez une vue impressionnante de toutes les lumières de Dakar en bordure de mer, de la torchère à la flamme orange de la raffinerie de Mbao au phare rouge clignotant du cap Manuel. (…) Le quartier de Ranrhar situé aux abords de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Yoff ne ressemblait à aucun autre dans tout le pays. Ici, il n’y avait pas de boutique, de mosquée, de kiosque à pain, de parc à charbon, de grand-place, de marché, d’école, de chats ou chiens errants dans les larges rues toujours désertes, sans ordures. (…) Car Ranrhar était une résidence de milliardaires. Les grandes villas avec jardin, la plupart ayant les pieds dans l’eau, aux architectures variées et osées. (…) Ils longèrent la corniche Est, la main dans la main, jusqu’à hauteur de l’hôtel Teranga, empruntèrent l’escalier en bois et débouchèrent sur la place de l’Indépendance. Au parking du cinéma le Paris tout près, ils trouvèrent un taxi. (…) Le taxi démarra, vira à droite, quitta la rue Parchappe, pris la rue El Hadji Amadou Assane Ndoye, vira encore au bout de quelques centaines de mètres à gauche, descendit la courte rue Car en pente, s’engagea sur l’avenue Albert Sarrault, contourna la place de l’Indépendance, parvint sur l’avenue du Président Pompidou, arriva sur l’avenue Blaise Diagne, traversa le marché Sandaga, désert à cette heure du fait de la nuit, au sol juché d’innombrables sacs de plastique multicolores, stoppa à l’essencerie en face de la Pharmacie de l’Islam. »

Ngor Ndong est le consciencieux gardien de la maternité de l’hôpital Le Dantec à Dakar. Il filtre les entrées et fait respecter les horaires des visites. Un soir, il a une altercation avec l’irascible Ramata Kaba, l’épouse du procureur Matar Samb. Il refuse d’ouvrir le portail à sa voiture parce qu’elle n’a pas de laissez-passer. Cette très belle jeune femme réagit comme une furie et le frappe violemment au visage au moyen du talon de sa chaussure. Comme il demeure intraitable, elle fait demi-tour en le menaçant. L’arcade sourcilière ouverte, il se fait soigner par un infirmier. A peine a-t-il repris son poste que sept policiers l’embarquent manu militari. Au commissariat, ils font du zèle et continuent à le rudoyer. Il fait un malaise, vomit du sang et meurt en cellule. (suite…)