POLARS DU GRAND NORD

NUUK (GROENLAND) (DANEMARK) par Mads Peder Nordbo: La fille sans peau (Editions Actes Sud et Babel noir)

« Les deux collègues passèrent devant le bâtiment couleur rouille de la poste, longèrent la nouvelle aile du centre commercial et traversèrent la rue près de l’hôtel Hans-Egede. (…) Aucune route ne reliait Nuuk au reste du monde. La ville et ses seize mille habitants étaient cernés par les montagnes et la mer. (…) Elle se dirigeait vers les dernières constructions de la presqu’île. A sa gauche se dressaient plusieurs immeubles récents de six étages, aux façades décorées de peintures murales. A sa droite, dans la pente aboutissant aux eaux glacées de l’Atlantique nord, on voyait des maisons en bois de différentes tailles et couleurs. (…) Ils tournèrent au coin des rues Tuapannguit et Kuusuaq. Au loin se dressait l’Ukkusissat. A l’époque de Jakob, la montagne s’appelait la Grosse Malène. (…)Entre les rochers se cachait une myriade de petites plantes naines. Graminées, camarine noire, myrtilles, thym arctique, saules nains, lichens jaunes et minuscules fleurs boréales formaient un tapis souple, mais piquent sous les doigts. Il s’étalait à l’infini.  »

Matthew Cave est journaliste à Nuuk. Fils d’un militaire américain basé à Thulé qui l’a abandonné à l’âge de quatre ans, il a vécu avec sa mère au Danemark. Il s’est marié avec Tine qui est morte dans un accident de la route alors qu’elle était enceinte. Matthew qui était au volant a survécu. Il est retourné à Nuuk pour tenter d’y refaire sa vie après ce drame.

Avec son photographe, il accompagne des policiers et des scientifiques à un endroit où un glacier a rendu un corps momifié. Contrairement au premier avis des chercheurs, il ne s’agit pas de l’un des premiers colons nordiques débarqués six cents ans plus tôt mais du cadavre d’un homme mort dans les années 1970. A la demande des archéologues, la dépouille est laissée sur place sous la surveillance d’un policier. Le lendemain, celui-ci est retrouvé mort, éventré, éviscéré, la peau écartée. La momie n’est plus là. (suite…)

KIRKENES par Olivier Truc: Les chiens de Pasvik (Editions Métailié et points)

Kirkenes, 5000 habitants, est située à l’extrême-nord de la Norvège, à 7 km de la frontière avec la Russie et à 35 km de la Finlande. « Le portique chinois traînait depuis l’été passé au croisement des rues du Docteur Wessel, l’artère piétonne commerciale, et Hans Kierkegaard. (…)Ils longeaient la mine de fer de Sor-Varenger, la seule raison d’être de la ville de Kirkenes, exploitée à fonds perdus depuis un siècle par les Norvégiens pour marquer leur souveraineté face aux Russes. (…) Il s’approcha de la fenêtre qui donnait sur la petite place de la bibliothèque. Elle était vide en cette fin d’après-midi, mais elle s’animait parfois le week-end, surtout les jours de marché. Le centre-ville était déserté la plupart du temps, quand les touristes du Hurtigruten ne déambulaient pas dans les rues, ce qui arrivait rarement. Ils préféraient le musée de la frontière, le monument du soldat soviétique libérateur ou la grotte d’Anders, où les habitants se réfugiaient pendant les bombardements de la Deuxième guerre mondiale. (…) Le vent habituel s’engouffrait dans la principale rue commerçante de Kirkenes et, à cette heure-ci, soleil disparu depuis longtemps, plus personne ne traînait dans les rues. Kirkenes montrait le visage sans artifice d’une cité de l’Arctique. »

Aux confins de l’Arctique, la frontière entre la Norvège et la Russie. Un troupeau de franchit cette frontière pour se nourrir d’un lichen succulent en Russie. Des chiens errants s’attaquent à ces rennes. Faire revenir du côté norvégien le troupeau aventureux ne va pas de soi. Les gardes-frontières des deux pays se rencontrent pour en négocier les modalités et organiser une action commune de rapatriement. Les deux parties sont d’autant plus sur les nerfs que les rennes appartiennent à Piera Kyrö, un éleveur sami, le peuple autochtone établi sur les quatre pays frontaliers (Norvège, Finlande, Suède et Russie) pour lequel ces frontières divisent artificiellement leurs terres ancestrales. (suite…)

L’ALASKA par M.J. Mc Grath: Le garçon dans la neige (Presses de la Cité)

« D’ici quelques jours, il atteindrait les hauts sommets de la chaîne de l’Alaska. Ensuite, ce serait le bassin du Kuskokwim, puis deux cent cinquante kilomètres d’un parcours ardu, accidenté, dangereux, sur les glaces du fleuve Yukon, avant de rejoindre la banquise de la baie de Norton. (…) Bien que la ville de Nome fût plus grande et plus développée que Kuujuaq (…), elle lui avait immédiatement semblé familière. Indépendamment de leur situation géographique exacte, tous les villages de toundra semblaient partager trois ou quatre caractéristiques ; un aspect désolé, dérisoire presque comme un manque d’estime de soi ; le sentiment d’être insignifiants, minuscules, ridicules au milieu de ces paysages ; et une étrange sensation de liberté absolue. (…) Bientôt, elle eut complètement laisser la banlieue derrière elle et roulait vers le sud, les immenses étendues du golfe de Cook à sa droite, la banquise illuminée par les ultimes lueurs du clair de lune matinal. (…) Ils survolèrent le Kuskokwim et les Kaiyuh, l’itinéraire de l’Iditarod, puis se dirigèrent vers la baie de Norton et l’archipel des Barren. Lorsqu’ils laissèrent la forêt derrière eux, elle eut l’impression de se dilater dans la toundra. »

Edie Kiglatuk, qui est Inuit et guide sur la terre d’Ellesmere, dans l’extrême-Arctique canadien, voyage en avion jusqu’en Alaska avec son ami brigadier Derek Palliser pour assister Sammy Inukpuk, son ex-mari, qui réalise le rêve de sa vie en participant à l’Iditarod, une mythique course de chiens de traîneaux entre Anchorage et Nome.

En attendant le départ, elle fait une promenade en moto-neige dans les environs. Elle croit apercevoir un « ours esprit » qui, pour les autochtones, est une créature d’un autre monde qui transmet des messages des morts aux vivants. Il l’entraîne à sa suite. Elle se perd puis croise un couple étrange de « vieux-croyants », membres d’un groupe religieux russe, une secte qui est issue d’un schisme dans l’église orthodoxe. Puis elle marche jusqu’à une petite maisonnette en bois posée à même la neige. A l’intérieur, elle découvre le cadavre congelé d’un bébé sur lequel a été dessiné une croix compliquée. (suite…)

LA LAPONIE CENTRALE par Olivier Truc : Le dernier Lapon (Editions Métailié et Points policier)

TRUC LAPON10 janvier. Laponie centrale. La nuit polaire dure depuis quarante jours. Le lendemain, le soleil apparaître entre 11 h 14 et 11 h 41. « Klemet allait redevenir un homme, avec une ombre (…). Les montagnes allaient retrouver leur relief et leur superbe. Le soleil se coulerait au fond des vallons, donnant vie à des perspectives endormies, révélant l’immensité douce et tragique des hauts-plateaux semi-désertiques de la Laponie ultérieure. » La température tourne autour de – 45, – 40 degrés et les rennes s’épuisent à gratter la neige puis atteindre le lichen les nourrira.

11 janvier. 11 h 14. Les habitants de Kautokeino montent en voiture et motoneiges pour apercevoir le premier rayon de soleil. « Le soleil avait de la difficulté à décoller. Il demeurait à proximité de l’horizon (…). Tout le monde était rassuré. L’attente, quarante journées sans ombre, n’avait pas été vaine ». (suite…)

FUNÄSDALEN (LAPONIE SUEDOISE) par Olivier Truc : La montagne rouge (Editions Métailié et Points policier)

TRUC MONTAGNESi la police des rennes étend ses recherches à travers la Laponie, des localités d’Östersund, Ljungdalen et Kautokeino jusqu’à Stockholm et même Paris, c’est dans le village de Funäsdalen et surtout ses environs faits de champs, de collines et de montagnes que débute, rend son sens et se termine leur enquête, autour d’un « site exceptionnel », « une montagne rouge comme des feuilles d’automne ou un coucher de soleil, face à des monts quasi-inaccessibles coiffés de forêts hors d’âge. Quand vous êtes sur place, vous ressentez la plénitude d’un paysage qui ne s’arrête jamais. Ce sentiment n’a aps d’emprise, plus encore que sur la toundra où les rennes sont chez eux. »

Un jour de septembre, dans la brume, des éleveurs samis ont dressé un enclos où ils abattent et dépècent les rennes dont ils vont vendre la viande. Victor Eriksson, le fils de Petrus, le chef de ce groupe de samis, extrait de la boue un os humain. La police déterre alors un squelette sans tête. (suite…)

KAUTOKEINO (LAPONIE NORVEGIENNE) par Lars Pettersson : La loi des Sames (Editions Gallimard et Folio policier)

PETTERSSON SAMESKautokeino, dans le comté de Finnmark, en Laponie norvégienne, compte environ trois mille habitants, dont beaucoup sont des Sames ou Samis, le peuple autochtone, traditionnellement éleveurs de rennes. Dans cette région aux grandes étendues recouvertes de neige, la vie est rude pour ces samis qui luttent pour survivre de l’élevage de leurs troupeaux, qui résistent aux tentatives d’assimilation en perpétuant leurs traditions, leurs modes de vie jusqu’à leurs habitudes vestimentaires. Les conflits entre eux pour des terrains ou des bêtes sont parfois violents et se résolvent selon des règles qui leur sont propres.

Lorsque Nils Mattis, un éleveur, est accusé d’avoir violé une jeune femme, sa famille fait appel, pour le défendre, à l’une des leurs, Anna Karin, qui vit à Stockholm et travaille comme substitut du procureur. Pour la jeune femme, c’est un retour aux sources puisque sa mère avait quitté sa terre natale de nombreuses années auparavant, suscitant l’opprobre de sa famille bien qu’elle l’ait aidée financièrement jusqu’à sa mort. En enquêtant sur place, Anna Karin acquiert la conviction que son cousin, Nils Mattis, a vraiment violé Karin Margrethe et que, de plus, il l’a blessée d’un coup de couteau. (suite…)

HAMMERFEST (LAPONIE NORVEGIENNE) par Olivier Truc: Le détroit du loup (Editions Métailié et Points Policier)

Détroit-TRUCHammerfest, située sur l’île de Kvaloya, l’île de la Baleine, est considérée comme la ville la plus septentrionale du monde. Face à l’Arctique et à la mer de Barents, elle compte près de 10.000 habitants dont beaucoup sont employés dans des conserveries de poisson et l’exploitation des importants gisements de gaz et de pétrole que recèle le sous-sol marin. Ses hauts-plateaux accueillent aussi des élevages de rennes qui constituent l’activité traditionnelle des samis, le peuple autochtone de la Laponie qui s’étend sur trois pays.

Au début du roman, le 22 avril, la journée a un ensoleillement de 17 heures 44. Les éleveurs samis font traverser à la nage par leurs rennes le détroit qui sépare le continent de l’île de la Baleine. Pris de panique, les animaux provoquent un tourbillon qui entraîne la noyade de certains d’entre eux et d’Erik Steggo, un jeune éleveur. Klemet Nango et Nina Nansen, de la police des rennes, recherchent un homme qui aurait effrayé le troupeau. Le maire de Hammerfest est lui aussi assassiné. D’autres morts suivent. (suite…)

LA TERRE D’ELLESMERE (CANADA) par M.J. Mc Grath : Chaleur blanche (Presses de la Cité – Pocket)

Chaleur-blancheCe roman se déroule en territoire inuit, au-delà du cercle polaire, dans l’Arctique. Les glaces y sont éternelles ou le seront si elles parviendront à résister au réchauffement climatique. Elles avancent ou reculent selon les saisons, alimentées par les chutes de neige. Les Inuits ont été amenés de force sur la terre d’Ellesmere et s’y sont acclimatés. Rares sont ceux qui sont prêts à la quitter pour descendre vers le Sud, c’est-à-dire le Canada.
>Edie, une femme de trente-trois ans, partage sa vie entre un métier d’institutrice et une activité de guide. Lorsqu’elle emmène deux touristes sur la banquise de l’île de Craig. E l’un d’eux, Wagner, est abattu d’un coup de fusil. Edie, qui installait leur campement, n’a rien vu. Le témoignage de l’autre homme, Taylor, paniqué, est tout aussi laconique. (suite…)