IMAGES DU NORD DE LA FRANCE: Sambre

Cette minisérie franco-belge de six épisodes de 52 et 69 minutes a été créée par Alice Geraud et Mac Herpoux et réalisée par Jean-Xavier de Lestrade. Elle a été diffusée en novembre 2023 par la Une en Belgique et France 2 en France. Elle est, notamment, interprétée par Alix Poisson (Christine Labot), Jonathan Turnbull (Enzo Salina) Julien Frison (Jean-Pierre Blanchot) Pauline Parigot (Irène Dereux, la juge d’instruction), Noemie Lvovsky (Arlette Caruso, la maire), Clemence Poesy (Cécile Dumont, la scientifique), Olivier Gourmet (Etienne Winckler) et Louise Orry-Diquero (Stephanie Salina).

Cette série est inspirée de l’affaire, réelle, du violeur de la Sambre qui a perpétré des viols dans la région de 1988 à 2018. Chaque épisode est filmé du point de vue de personnages différents : Christine Labot, la première victime (1), Irène Dereux, la juge d’instruction (2), Arlette Caruso, la maire (3), Cécile Dumont (4), Etienne Winckler, le commandant de police (5) et Enzo Salina, le violeur (6).

Alors qu’elle attend, tôt le matin, à un arrêt, le car qui doit la conduire à son travail, Christine Labot est agressée par un homme qui la traîne au bord de la Sambre. Il lui passe une corde autour du cou et l’étrangle. Elle perd connaissance. Quand elle se réveille, sa poitrine est découverte et ses vêtements sont en désordre. Elle ne se rappelle. Elle se rend à la gendarmerie. Le capitaine qui la reçoit qualifie l’agression de tentative de viol. Rien ne lui a été volé. Elle ne se souvient de rien.

Une jeune fille est agressée au même endroit selon le même mode opératoire. Le violeur lui impose une fellation avant de lui caresser les seins. Elle dépose aussi plainte auprès de la gendarmerie.

Le violeur, Enzo Salina, est un ouvrier soudeur, apprécié par les collègues de son usine. Il est marié, a deux enfants, joue au football, entraîne les jeunes du club. Il plaisante avec tout le monde notamment avec les gendarmes qu’il connaît. Sa serviabilité le rend très populaire.

Christine perd pied, entend des bruits la nuit, croit reconnaître son agresseur dans un supermarché. Elle cesse de sortir de chez elle. Son mari finit par la quitter. Le violeur sévit toujours.

Une juge d’instruction constate les similitudes de trois plaintes pour viols et tentatives de viol : même lieu, même heure, même mode opératoire. Mais son ami procureur ne partage pas son avis. Elle convoque le capitaine de la gendarmerie qui a reçu ses plaintes et lui reproche des enquêtes bâclées.

Un nouveau viol très brutal est commis, cette fois, au domicile de la victime. La victime a vu son agresseur et participe à l’établissement d’un portrait-robot du violeur dont la police détient à présent l’ADN. Mais elle ne trouve pas de correspondance. Le procureur refuse de lier cette affaire aux autres viols.

Enzo Salina rend visite à ses amis gendarmes et constate avec eux sa ressemblance avec ce portrait-robot ce qui fait rire tout le monde.

Quand la police procède à des contrôles routiers à la recherche du véhicule du violeur, celui-ci vend sa voiture et en achète une autre.

La femme de ménage de l’école municipale est violée dans une classe au petit main. Le directeur de l’école prévient la maire qui a été élue récemment. Celle-ci l’accompagne à l’hôpital puis à la gendarmerie. Elle est stupéfaite quand elle apprend que deux autres femmes ont déjà été violées sur le territoire de la commune sans qu’un lien soit établi entre les trois affaires. Elle tient une conférence de presse pour alerter les habitantes du danger et réclamer une enquête plus déterminée. Son opposition lui reproche d’avoir ainsi fait capoter un projet d’investissement dans la commune.

Enzo accroche la voiture d’une voisine qui porte plainte contre lui. Il est convoqué à la gendarmerie. Quand la police veut prélever son ADN comme pour tous les hommes qui viennent dans ces locaux, il prend la fuite, profitant d’une fête qui s’y tient. Personne ne réagit. Il commet d’autres agressions en Belgique.

La procureure du Roi belge fait appel à Cécile, une chercheuse psychologue qui profile le lieu de résidence du violeur sur base des données dont elle dispose. Elle désigne ainsi le lotissement où habite Enzo dont elle dresse aussi le profil psychologue. Elle contredit l’avis d’une autre psychologue pour laquelle le violeur est un chômeur célibataire et asocial. Les travaux de Cécile sont enterrés.

Plusieurs années plus tard, le commandant Winckler,  chef de la section cold case du SRPJ de Lille reprend l’affaire. Il rencontre plusieurs victimes et doit pour cela surmonter les réticences de certaines d’entre elles. Lors d’un nouveau viol, une jeune femme arrache le bonnet d’Enzo. Winckler espère y trouver l’ADN de l’agresseur. Encore faut-il trouver une correspondance avec les fichiers.

Six ans encore, Enzo commet deux nouveaux viols dont l’un, d’une lycéenne, en Belgique, près d’une voie ferrée. Une caméra de vidéosurveillance filme sa voiture. Il est arrêté un matin alors qu’il se rend à son travail. Il avoue ses crimes mais prétend être atteint d’un dédoublement de personnalité. Il est condamné à vingt ans de prison.

« Sambre » n’est pas une minisérie à énigme puis que le violeur est connu dès le départ. Même si la fin des forfaits de Enzo Salina est connue, le récit des événements qui finiront près de quarante ans après le premier viol à son arrestation est passionnant. Le scénario ne néglige aucun détail, aucun personnage. Les victimes, leur désarroi, leur souffrance, leur solitude, leurs vies et couples brisés, l’incompréhension de leurs proches. Les gendarmes, leur incompétence, leur incapacité à comprendre les victimes, à faire le lien entre les différents viols, leur tendance à minimiser les faits. Le violeur, son apparence sympathique, serviable, qui se fait des amis même dans la police mais dont la brutalité revient au grand jour à la moindre contrariété. Les errements de la justice qui néglige plusieurs pistes et actes de procédure dont les découvertes de Cécile.

Les acteurs sont impressionnants de réalisme que ce soit Alix Poisson, la première victime, Jonathan Turnbull, le violeur, les gendarmes, les autres victimes, les autres intervenants dans la procédure judiciaire. Remarquable et prenant de bout en bout.