Brésil

A LA DECOUVERTE DE PORTO ALEGRE (BRESIL) avec José Falero: Supermarché (Editions Métailié)

« Un territoire vaste, localisé à l’extrême est de Porto Alegre : un territoire qui, tout en traînant dans un processus d’urbanisation interminable, présentait encore de nombreux vestiges de son lointain passé rural. (…) Née de l’avenue Bento Gonçalves, près de la limite entre Porto Alegre et Viamao, la route Joao de Oliveira Remiao proposait d’entrée de jeu, la première de ses nombreuses côtes, en menaçant déjà d’offrir le ciel comme destination. (…) Le jeune homme ne se retrouva pas sur le trottoir de la General Lima e Silva, ni sur le trottoir de la Ramiro Barcelos, ni sur le trottoir d’une quelconque rue décente de Porto Alegre. Ce trottoir-ci était celui de la Guaiba, une ruelle à l’asphalte crevassé, théâtre des plus ignobles infamies, des plus extravagants scandales et des plus cinématographiques fusillades. (…) Mais ce fut par là qu’Alemao entra dans la capitale gaucha, avant de poursuivre à vive allure sur l’avenue Maua. Ensuite, une fois sur la Loureiro da Silva, il contourna l’Edel Trade Center pour rattraper la Joao Pessoa et continua tout droit jusqu’au coin de la rue Doutor Sebastiao Leao. (…) Puis il traversa à pied la Joao Pessoa et longea la Jeronimo de Ornelas, en contemplant à distance l’immeuble illuminé de l’Hôpital des cliniques. (…) En quittant le quartier de Menino Deus, les véhicules traversèrent la ville basse par la rue du Dr Sebastiao Leao. »

Geraldo, le gérant d’un supermarché, soupçonne deux de ses employés de chaparder de la marchandise mais n’en a aucune preuve. Les caméras de vidéosurveillance ne lui sont d’aucune aide. Il s’en plaint à son directeur qui, pour l’apaiser, promet de lui affecter deux vigiles supplémentaires. Les deux employés sont des « rayonneurs », chargés du réassortissement des rayons. Tous deux sont jeunes et vivent dans la misère de favelas. L’un, Pedro, vit avec sa mère, l’autre, Marques, avec sa femme Angelica et son fils Daniel. Elle attend un deuxième enfant. Ils veulent à tout prix s’extraire de cette pauvreté dans laquelle leurs familles sont confinées depuis toujours. (suite…)

LES FAVELAS DE RIO par Patricia Melo: Enfer (Editions Actes Sud)

« L’entrée de la favela était toujours pleine de tumulte et de bruit quand on arrivait par l’avenue Epitacio Pessoa. Les voitures devaient ralentir pour ne pas écraser la foule des passants qui coudoyaient sur les étroits trottoirs en pierre et sur l’unique rue goudronnée de la butte. (…) Des volées de marches et des impasses, des descentes et des montées, des marches, partout des pleurs d’enfants, ça monte, ça descend, des creux, des bicoques, des rues en escalier, du linge sur les cordes, tourner à droite, à gauche, descendre pour remonter, ça monte, des marches, ça descend, des toits, des fenêtres, Petit Roi empruntait chaque jour un trajet différent, orientant ses pas jusqu’au point culminant de la favela, d’où il surveillait les allées et venues au service des trafiquants, pour explorer toujours un peu plus ce labyrinthe. (…) Il voyait la butte tout entière, immense masse anthracite, toujours en expansion, inachevée, découpée sous toutes les formes possibles par de petits chemins, des ruelles, un labyrinthe de couloirs et des passages, avec peu d’entrées et de sorties. (…) Ils s’assirent sur le belvédère et regardèrent la ville, le Christ tout illuminé. »

José Luis Reis, alias Ze Luis, alias Petit Roi, est un garçon de onze ans. Il habite dans la favela de Berimbau avec sa mère, Alzira, qui travaille comme femme de ménage chez un couple aisé, et sa sœur aînée, Carolaine, qui est sensée faire des études d’informatique. Leur père Francisco a quitté leur domicile depuis longtemps. Petit Roi ne l’a jamais connu et vit dans l’espoir de rencontrer ce père qu’il idéalise. Le gamin ne va plus à l’école depuis plusieurs mois et se fait embaucher comme guetteur par Big Milton, le chef du gang qui contrôle la favela et le trafic de drogue dans ce périmètre. (suite…)