POLARS DU GABON

LIBREVILLE par Janis Otsiemi: African Tabloid (Editions Jigal et Pocket)

« Libreville. Quartier du Plateau. (…) Le Plateau, c’est le quartier de la Défense, version locale. Il abrite ma présidence de la République, la primature, des ministères et des administrations publiques. Pourtant, à la nuit tombée, le quartier s’illumine de mille feux. Il attire sur ses trottoirs éclairés par des lampadaires laiteux des prostituées et une faune fortunée en quête des sensations fortes. (…) Libreville est une ville caméléon. Le premier touriste venu qui parcourt sa vitrine maritime lui trouverait le charme d’une ville développée avec ses immeubles de verre et de marbre. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. Derrière cette façade luisante s’étendent des agglomérations hétéroclites, des bidonvilles marécageux, infectés de rats et de moustiques. La tribune officielle, théâtre de la fête nationale commémorant l’accession du Gabon à l’indépendance, se dressait comme un vestige des Mayas sur le boulevard. (…) non loin de là, l’architecture futuriste de musée national des Arts et Traditions se découpait dans la nuit. »

Le département des affaires criminelles de la police judiciaire traite de délits de toutes natures. Une affaire préoccupe particulièrement les policiers. Le chéquier d’un ancien ministre a été volé. Deux individus s’en sont servis pour retirer d’importantes sommes d’argent dans une banque. L’identité de la victime, un dignitaire du régime, rend le dossier sensible.

Le capitaine Koumba et son adjoint Owoula sont aussi à la recherche de ceux qui ont publié sur internet des films montrant deux jeunes lycéennes nues qui se sont suicidées de honte après la diffusion de ces vidéos. Ils s’occupent aussi d’un délit de fuite. Une femme et son bébé ont été mortellement percutés par un chauffard qui est introuvable. (suite…)

LIBREVILLE par Janis Otsiemi: Le festin de l’aube (Editions Jigal)

« Il dut alors se rendre aux feux tricolores de Nombakélé dans le 3e arrondissement de Libreville. (…) On aurait pu imaginer que Montagne Sainte était un quartier habité par des nonnes avec ses petites ruelles bitumées et ses maisons coloniales. C’était l’arbre qui cachait la forêt. Montagne Sainte était l’un des quartiers les plus by night de la capitale gabonaise. (…) Le rond-point de la Démocratie ressemblait à un véritable champ de bataille. (…) C’était sûr, ce qui s’était passé sur ce rond-point, on le commentait déjà dans les bars des Akébés, les chaumières de Kinguélé et les étals du marché Mont-Bouët. (…) Mont-Bouët était le plus grand marché de Libreville. (…) Boukinda et Envame s’étaient déportés au quartier Akébé-Poteau dans le 3e arrondissement de Libreville. (…) Cocotier était un bidonville de la capitale gabonaise bien connu pour sa contestation du pouvoir en place. »

En rentrant tard dans la nuit d’un mariage avec sa compagne, sous une pluie battante, le lieutenant de police Louis Boukinda heurte quelque chose du flanc de sa voiture. Il s’arrête, va voir ce qui s’est passé. Il aperçoit sur le bas-côté une jeune femme inconsciente, vêtue seulement d’un slip. Il la conduit à l’hôpital. Elle meurt quelques heures plus tard. Elle a auparavant été ligotée, battue, brûlée, violée. Mais la cause de sa mort est autre : elle a été mordue à de multiples reprises par des serpents. Son décès n’est pas dû au hasard. Quelqu’un l’a exposée à un nid de serpents. Il s’agit donc d’un meurtre particulièrement horrible. (suite…)

LIBREVILLE par Janis Otsiemi: Les voleurs de sexe (Editions Jigal)

« Au niveau du marché du Pont d’Akébé, il cogna sur la gauche pour prendre la ruelle d’Akébé 2 afin de gagner la cité Likouala. Cette voie était surnommée « la ruelle de la joie ». Chaque week-end, elle attirait sur ses trottoirs bordés de bars des grappes d’hommes et de femmes. (…) Atong-Abé était un quartier populaire de Libreville. Majoritairement habité par les Fang originaires du Woleu-Ntem mais aussi par une forte communauté nigériane, équato-guinéenne et camerounaise. (…) Les trois garçons empruntèrent la ruelle qui menait directement au boulevard Triomphal. (…) Ils durent marcher pendant une dizaine de minutes dans la pénombre avant d’atteindre l’esplanade de l’église Sainte-Marie. (…) De l’esplanade, ils avaient une vue complète sur le Port-Môle. (…) Soit il piquait à gauche en direction de Lalala pour ensuite enfiler la voie express jusqu’à l’échangeur du kilomètre 5, soit il prenait la droite en direction du carrefour Bessieux. (…) Il était ensuite passé prendre quelques affaires chez lui, à London, un vieux quartier de Libreville. »

Le chauffeur de l’ancien secrétaire général du gouvernement perd le contrôle de sa voiture en voulant éviter un chien et s’encastre dans un poteau électrique. Il meurt sur place. Premiers arrivés sur les lieux, trois jeunes gens s’emparent d’une mallette qui contient de l’argent mais aussi un jeu de photos compromettantes pour le président de la République. Ils décident de les monnayer et s’adressent pour cela à un journaliste mais celui-ci prévient la police qui tend un guet-apens à celui qui vient effectuer la transaction.

Trois jeunes voyous apprennent par un informateur qu’un entrepreneur chinois va encaisser une importante somme d’argent dans une banque pour payer les salaires de son personnel. Pour le braquer, ils se procurent des armes, un gyrophare et des brassards de police auprès d’un inspecteur corrompu, en échange d’une part conséquente du butin. Mais l’agression tourne mal. Le Chinois est lui aussi armé et se défend. (suite…)

LIBREVILLE par Janis Otsiemi : La bouche qui mange ne parle pas (Editions Jigal et Pocket)

OTSIEMI BOUCHELibreville, la capitale du Gabon, la ville des esclaves libérés, est une agglomération aux multiples facettes, des immeubles du front de mer, pour la plupart propriétés de Libanais, du cap Esterias, périphérie de villégiature et de week-end, de quartiers plus ou moins aisés (Awendje, La Campagne), aux noms fleurant parfois la France-Afrique (Pompidou, Toulon, Petit-Paris) aux bidonvilles miséreux (baie des cochons, Akébé).

Solo, qui a passé trois ans en prison pour avoir tué un homme lors d’une rixe en lui écrasant une bouteille sur la tête, veut gagner de l’argent facilement et contacte son ami Tito qui lui donne une avance sur un coup qu’il prépare.

La police judiciaire est mobilisée sur des crimes rituels de jeunes garçons qui sont mutilés après leur mort. (suite…)

LIBREVILLE (GABON) par Janis Otsiemi : Le chasseur de lucioles (Editions Jigal et Pocket)

otsiemi Version 2 (10)La richesse du Gabon provenant de son pétrole, exploité par Total et Shell, du bois d’okoumé et de l’extaction de minerais, comme le manganèse,ne profite pas à tous ses habitants. Les riches villas du bord de mer tranchent avec les quartiers populaires du centre-ville. Beaucoup de gens se débrouillent comme ils le peuvent dans ce qu’on appelle le secteur informel. Par comparaison, les fonctionnaires apparaissent comme des privilégiés parce qu’ils ont un salaire régulier, fusse-t-il modeste, et une couverture sociale. Leur pauvreté entretient une corruption endémique à tous les niveaux de l’État. Le pouvoir en joue pour brider les mécontentements et étouffer dans l’œuf les velléités de révolte.

Le « chasseur de lucioles » décrit les jeux de pouvoir, les  rivalités entre ethnies dans l’appareil de l’État, ici dans les milieux de la police et la corruption au quotidien sans laquelle il est parfois difficile de joindre les deux bouts. (suite…)