POLARS DU DANEMARK

COPENHAGUE par Lotte et Soren Hammer: La fille dans le marais (Editions Actes Sud et Babel noir)

« Elle longea Strandvejen en direction du nord, mais s’arrêta près du triangle. (…) Le bureau de la procureur était situé dans Jenskofodsgade, une rue qui donnait sur Sture Kongengade. (…) L’air dans Laederstraede, dans le centre-ville de Copenhague, était un mélange de vacarme et de chaleur printanière qui ne parvenait pas à se fixer. (…) Le ministère des Affaires étrangères danois, un monolithe de sept étages tout de verre et de béton, se trouve sur Asiatisk Plads à Copenhague, tout près de la tour de contrôle du pont de Knippelsbro : le pire et le meilleur de l’architecture côte à côte. (…) Elle suivit Osterbrogade et lorsqu’elle vira dans Ryvangsalla, elle était de nouveau elle-même. Konrad Simonsen s’assit sur un banc, le dos à Tivoli. Derrière lui, il pouvait entendre des cris d’allégresse en provenance du pars c’attractions tandis que face à lui se dressait la Ny Carlsberg Glyptotek, le somptueux musée situé sur Dantes Plads, la place de Dante. (…) Elle était descendue à Langelinie, avait marché jusqu’à l’esplanade, puis continué jusqu’à Store Kongensgade. »

Jan Podowski, un truand vieillissant et alcoolique, Henrik Krag, un jeune malfrat illettré, et Benedikte Lerche-Larsen, une belle jeune femme rousse, séduisante et manipulatrice, emmènent une très jeune prostituée nigériane dans un cabanon en forêt. Ils veulent lui donner une leçon pour l’inciter à être plus docile avec ses clients. La séance de torture tourne au drame. Elle se rompt le cou en tombant au sol. Lestée d’une borne kilométrique, elle est jetée dans un lac, le marais de Satan. Son squelette n’est repêché qu’un an plus tard. (suite…)

NUUK (GROENLAND) (DANEMARK) par Mads Peder Nordbo: La fille sans peau (Editions Actes Sud et Babel noir)

« Les deux collègues passèrent devant le bâtiment couleur rouille de la poste, longèrent la nouvelle aile du centre commercial et traversèrent la rue près de l’hôtel Hans-Egede. (…) Aucune route ne reliait Nuuk au reste du monde. La ville et ses seize mille habitants étaient cernés par les montagnes et la mer. (…) Elle se dirigeait vers les dernières constructions de la presqu’île. A sa gauche se dressaient plusieurs immeubles récents de six étages, aux façades décorées de peintures murales. A sa droite, dans la pente aboutissant aux eaux glacées de l’Atlantique nord, on voyait des maisons en bois de différentes tailles et couleurs. (…) Ils tournèrent au coin des rues Tuapannguit et Kuusuaq. Au loin se dressait l’Ukkusissat. A l’époque de Jakob, la montagne s’appelait la Grosse Malène. (…)Entre les rochers se cachait une myriade de petites plantes naines. Graminées, camarine noire, myrtilles, thym arctique, saules nains, lichens jaunes et minuscules fleurs boréales formaient un tapis souple, mais piquent sous les doigts. Il s’étalait à l’infini.  »

Matthew Cave est journaliste à Nuuk. Fils d’un militaire américain basé à Thulé qui l’a abandonné à l’âge de quatre ans, il a vécu avec sa mère au Danemark. Il s’est marié avec Tine qui est morte dans un accident de la route alors qu’elle était enceinte. Matthew qui était au volant a survécu. Il est retourné à Nuuk pour tenter d’y refaire sa vie après ce drame.

Avec son photographe, il accompagne des policiers et des scientifiques à un endroit où un glacier a rendu un corps momifié. Contrairement au premier avis des chercheurs, il ne s’agit pas de l’un des premiers colons nordiques débarqués six cents ans plus tôt mais du cadavre d’un homme mort dans les années 1970. A la demande des archéologues, la dépouille est laissée sur place sous la surveillance d’un policier. Le lendemain, celui-ci est retrouvé mort, éventré, éviscéré, la peau écartée. La momie n’est plus là. (suite…)

ARHUS par Inger Wolf: Nid de guêpes (Editions Gallimard et Folio policier)

Avec  280.000 habitants, Arhus est la deuxième ville du Danemark par le nombre de ses habitants. Port sur la côte est de la péninsule danoise, elle fait partie de la région du Jutland central. « Ils étaient dans la vieille ville, et la chaussée était faite de gros pavés irréguliers. En été, les maisons entourées de roses trémières resplendissaient sous le soleil, et on apercevait de petites cours pittoresques derrière les bâtiments colorés tout de guingois. (…) Il atteignit le bout d’Ingerslevs Boulevard et prit à droite dans Skt. Anna Gade. (…) Il habitait un quartier calme et rassurant non loin de Holme Bjerge, une zone vallonnée que le dernier âge glaciaire avait créée comme l’aurait fait un bulldozer en soulevant d’énormes masses de terre. (…) Une jolie couche de neige était tombée la veille, et une promenade en traîneau dans le parc zoologique de Marselisborg avec son neveu était prévue. »

Le cadavre de Mads Birk, 15 ans, est trouvé dans une maison vide par un agent immobilier et un couple de clients. Porté disparu depuis deux jours, le garçon a été tué la veille au moyen d’une alène qui lui a perforé le ventre puis le cœur. Auparavant, il a été roué de coups et ses lèvres ont été découpées par le meurtrier qui a déposé des guêpes mortes autour de la dépouille.

L’enquête est confiée au commissaire Daniel Trokic, croate naturalisé danois, encore traumatisé par les massacres de Vukovar. Une carte représentant Superman est le seul indice abandonné sur place par l’assassin qui a vraisemblablement martyrisé et exécuté le jeune homme ailleurs. Les parents qui tiennent un club de fitness semblent hors de cause. L’ordinateur de la victime et les interrogatoires de ses copains ne donnent rien. (suite…)

COPENHAGUE par Anne Mette Hancock : Fleur de cadavre (Editions Albin Michel et Livre de poche)

« Elle avait longé les quais et traversé la place du palais royal afin de passer devant Marmor kirken, sa chère église. (…) Elle avait traversé la moitié des jardins d’Amaliehaven. (…) Arrivée sur la coursive qui faisait le tour du dôme, elle put contempler la ville de Copenhague. Scintillante dans la tombée du jour, familière. Et rassurante. (…) Elle s’assit sur le banc qui donnait sur le château d’Amalienborg, l’île de Holmen et l’opéra. Normalement, à cette heure-ci, elle aurait dû choisir l’autre côté du dôme pour voir le soleil se coucher derrière les toits, mais le temps était couvert à l’ouest et le ciel était beaucup plus beau de ce côté. Elle suivit un long moment le vol des courriers réguliers au-dessus d’Amager. Il ne s’écoulait qu’un laps de temps très court entre les avions qui se succédaient dans le ciel bleu-mauve du soir, comme des perles sur un fil, vers l’aéroport de Kastrup. (…) Ils traversèrent le pont de Fredensbro. (…) En quelques jours, les feuilles des arbres étaient passées du vert à un brun oranger et il y avait une fraîcheur dans l’air qu’elle n’avait pas ressentie la semaine précédente. »

Heloise Kaldan travaille depuis cinq ans comme journaliste d’investigation pour le quotidien Demokratisk Dagblad. Elle reçoit, à la rédaction, une lettre énigmatique de Anna Kiel, une femme de 31 ans qui, quelques années plus tôt, a égorgé Christoffer Mossing, un avocat de renom. Elle a agressé la victime au domicile de celle-ci, à Taarbaek. Sa culpabilité ne fait pas de doute puisqu’elle a été filmée, couverte de sang, au sortir de la villa. Depuis ce meurtre, elle est recherchée et demeure introuvable. Dans Son courrier, elle évoque le meurtre, affirme qu’elle a déjà été punie pour son acte, que la police ne parviendra pas à l’arrêter et qu’elle n’a pas terminé sa mission. Elle s’adresse directement à Heloise par une phrase incompréhensible. Pratiquement, au même moment, une femme rencontre l’inspecteur Schäfer et lui montre une photo prise dans le sud de la France sur laquelle on aperçoit Anna Kiel en arrière-plan. (suite…)

L’ILE DE BORNHOLM par Jussi Adler Olsen: Promesse (Editions Albin Michel et Livre de poche)

Bornholm est une île danoise sur la mer Baltique. Elle est distante de 137 kilomètres des côtes danoises et 36 kilomètres de la Scanie suédoise. „La police de Bornholm appartenait au plus petit district du Danemark. (…) Depuis la réforme, il ne restait qu’un seul commissariat pour toute l’île. (…) Il devait assurer l’ordre pour les quarante-cinq mille résidents permanents mais également pour les six cent mille touristes qui chaque année venaient découvrir ce microcosme d’à peine six cents kilomètres carrés, avec sa terre arable noire, ses falaises et ses rochers, et un nombre incalculable d’attractions que l’office de tourisme local s’évertuait à mettre en avant. La plus grande église ronde, la plus petite, la mieux préservée, la plus ancienne ou la plus haute. Chaque village qui se respectait se vantait de posséder la chose qui rendait l’île si incroyablement spéciale. (…) On traverse le pont de Vesterbro à Aakirkeby. Ensuite on prend la route de Ronne et on tourne à Kaergarrdsvej.”

Christian Habersaat, policier sur l’île de Bornholm, appelle le commissaire adjoint Carl Morck du département V de la police criminelle de Copenhague et lui demande son aide pour une enquête vieille de dix-sept ans mais qui l’obsède toujours. Carl se dit débordé et l’éconduit sans beaucoup de ménagements. Le lendemain, lors de son pot de départ, Habersat se suicide. Il laisse un message dans lequel il déclare que le département V était son dernier espoir et qu’il n’en peut plus. Sous la pression de ses deux équipiers, Rose et Assad, Carl accepte à contrecoeur de se rendre à Bornholm pour en savoir plus sur cette affaire sur laquelle Habersaat n’a jamais cessé de faire des recherches accumulant papiers, documents et photos qui ont envahi toute sa maison. Il en a négligé są femme June et son fils Bjarke qui l’ont quitté. Ses collègues s’étaient détournés de lui, excédés par son acharnement.

Le 20 novembre 1997, Alberte Goldschmid, une jeune fille très belle qui était stagiaire dans l’école de formation pour adultes de l’île, a été percutée par une voiture et projetée dans un arbre alors qu’elle circulait à vélo. Elle est morte de ses nombreuses fractures et blessures. Le véhicule qui l’a heurtrée n’a jamais été retrouvée. Pour Habersaat, il ne s’agissait pas d’un accident de la route avec délit de fuite mais d’un meurtre prémédité. June, son épouse, reçoit très froidement les policiers tandis que son fils Bjarke, toxicomane, se donne la mort en se tailladant les veines. Ila laissé un petit mot: „Pardon papa.”

Les enquêteurs interrogent des personnes qui ont croisé Alberte sur l’île et acquièrent la convictio qu’elle avait eu une liaison avec un homme plus âgé qu’elle, qui se prénommait Franck et qui circulait dans un vieux combi Volkswagen. Leur recherche de cet individu est longue et compliquée.

En parallèle, Jussi Adler Olsen raconte l’histoire de Wanda Phinn, une jeune Jamaïquaine qui vit à Londres et assiste à une réunion d’initiation à la „naturabsorption” menée par un certain Atu Abansamamash, le gourou d’une communauté établie sur une île suédoise. Fascinée, elle décide de rejoindre celle-ci. Lorsqu’elle arrive sur place, elle est accueillie par Pirjo, l’assistante déséquilibrée de Atu, qui la perçoit comme une rivale, la tue et enterre son cadavre. Le lecteur devine rapidement que Atu est l’homme que recherchent Carl et son équipe.

Jussi Adler Olsen mène ces deux récits en parallèle avec, d’un côté, ces trois policiers solitaires aux personnalités curieuses, Carl, traumatisé par une fusillade qui a coûté la vie à un collègue et rendu paraplégique un autre qui vit chez lui, Assad, réfugié syrien d’origine au passé douloureux mais qui demeure enthousiaste, et Rose, énigmatique et imprévisible, et, d’autre part, Atu, manipulateur habile de disciples naïfs et Pirjo qui écarte de lui par la violence toutes celles qui pourraient séduire Atu et, croit-elle, la supplanter auprès de lui.

Jussi Adler Olsen décrit l’enquête minutieuse, laborieuse, menée dix-sept ans après, par les trois entêtés du département V; Un roman procédurier qui s’inscrit dans une tradition scandinave déjà très riche.

COPENHAGUE par Dan Turell : Meurtre à l’heure de pointe (Editions de l’Aube)

TURELL HEURE DE POINTE« Tandis que les gens désertaient peu à peu, les uns descendant vers le centre-ville par Kobmagergade, les autres montant vers Frederiksborggade, nous restions assis au soleil. (…) Un couple d’un certain âge, des touristes américains vêtus de chemises hawaïennes bariolées, m’arrêta dans Höjbro Plads pour me demander où trouver la Petite Sirène. Une fois informés, ils continuèrent leur chemin vers Kongens Nytorv. (…) Le périple vers Valby Langgade commença, à une heure de pointe sous un nouveau jour. Nous longeâmes Vesterbrogade qui fourmillait de touristes, passâmes devant la Gare centrale, pareille à une divinité aztèque ou hindoue, qui semblait vomir des êtres vivants de sa gueule béante. Puis nous nous dirigeâmes vers Frederiksberg, verdoyant, imbu d’une ivresse printanière égayée par le schnaps, le hareng et l’accordéon. Puis nous gravîmes la route longeant le château, pour emprunter la ligne droite, via le jardin zoologique, où des classes entières d’élèves dociles attendaient à la queue leu leu pour voir les derniers éléphants, girafes et tigres. »

Un été, pendant un concert de jazz, Carsten Friis, le guitariste s’effondre sur la scène. Il est conduit en ambulance à l’hôpital mais meurt sans avoir repris conscience. Le médecin qui l’a secouru conclut à un décès dû à une overdose. Un journaliste de la Dépêche de Copenhague qui est lui-même un ancien musicien et ami du défunt s’étonne que Carsten, un consommateur régulier, ait pu s’injecter une dose excessive de morphine. (suite…)