« Je me suis mis à observer la ville qui, à la lumière de la lune, offrait le calme apparent d’un lac. Pourtant, la vieille sournoise ne réussissait pas à me tromper. Je connaissais la misère et les secrets tapis dans ses recoins, la douleur nichée sous les ponts, l’humidité des immeubles vétustes, l’ivresse résignée de ceux qui dormaient dans les ruelles, la tristesse des putes faisant les cent pas devant les porches, la traîtrise des poignards, les pleurs des morveux demandant l’aumône dans le dernier bus en route pour nulle part. (…) Nous avons consacré notre première journée à des promenades dans le Parque Florestal et à une visite au musée des Beaux-Arts pour voir les collections permanentes de peintres chiliens. (…) L’immeuble de Carvilio était proche du Parque de los Reyes, un secteur arboré aux rues récemment pavées où on voyait se multiplier les immeubles en hauteur et les panneaux publicitaires pour des entreprises de construction qui transformaient peu à peu un des visages d’autrefois de la ville. »
Griseta, l’amie du détective privé Heredia, lui envoie une cliente, Virginia Reyes. Celle-ci lui demande d’enquêter sur le meurtre de son frère, German, aui a été abattu par deux hommes à la sortie de son travail dans une entreprise spécialisée dans les matériaux de construction. La police penche pour une agression commise dans la rue comme il y en a beaucoup d’autres à Santiago.
German, âgé de soixante ans, avait peur, se croyait suivi. Il avait été emprisonné et torturé pendant la dictature militaire. Traumatisé, il suivait un traitement auprès d’une psychologue. En inspectant sa chambre, Heredia tombe sur un article sur un médecin qui a été accusé d’avoir été un tortionnaire sous le régime de Pinochet. (suite…)
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