POLARS DU CHILI

SANTIAGO par Ramon Diaz-Eterovic: L’obscure mémoire des armes (Editions Métailié)

« Je me suis mis à observer la ville qui, à la lumière de la lune, offrait le calme apparent d’un lac. Pourtant, la vieille sournoise ne réussissait pas à me tromper. Je connaissais la misère et les secrets tapis dans ses recoins, la douleur nichée sous les ponts, l’humidité des immeubles vétustes, l’ivresse résignée de ceux qui dormaient dans les ruelles, la tristesse des putes faisant les cent pas devant les porches, la traîtrise des poignards, les pleurs des morveux demandant l’aumône dans le dernier bus en route pour nulle part. (…) Nous avons consacré notre première journée à des promenades dans le Parque Florestal et à une visite au musée des Beaux-Arts pour voir les collections permanentes de peintres chiliens. (…) L’immeuble de Carvilio était proche du Parque de los Reyes, un secteur arboré aux rues récemment pavées où on voyait se multiplier les immeubles en hauteur et les panneaux publicitaires pour des entreprises de construction qui transformaient peu à peu un des visages d’autrefois de la ville. »

Griseta, l’amie du détective privé Heredia, lui envoie une cliente, Virginia Reyes. Celle-ci lui demande d’enquêter sur le meurtre de son frère, German, aui a été abattu par deux hommes à la sortie de son travail dans une entreprise spécialisée dans les matériaux de construction. La police penche pour une agression commise dans la rue comme il y en a beaucoup d’autres à Santiago.

German, âgé de soixante ans, avait peur, se croyait suivi. Il avait été emprisonné et torturé pendant la dictature militaire. Traumatisé, il suivait un traitement auprès d’une psychologue. En inspectant sa chambre, Heredia tombe sur un article sur un médecin qui a été accusé d’avoir été un tortionnaire sous le régime de Pinochet. (suite…)

SANTIAGO par Ramon Diaz-Eterovic: La mort se lève tôt (Editions Métailié)

« Santiago cachait son ciel brumeux de tous les jours. A l’ouest, l’horizon était une tache rouge au-dessus des silhouettes noircies d’églises et d’immeubles ; à l’est, la cordillère faisait miroiter ses derniers reflets et, près de moi, l’avenue Los Lienes se transformait peu à peu en un carrousel de lumières artificielles. (…) J’ai parcouru six ou sept pâtés de maisons en savourant le murmure des gens déambulant à cette heure le long du Paseo Ahumada. (…) J’ai sorti l’enveloppe de ma veste et relu l’adresse de mon appartement situé dans la rue Aillavillu, près de la gare Mapocho. (…) J’ai marché jusqu’au pied du monument élevé aux Mapuches. (…) Je suis passé devant le marché artisanal situé en face de la faculté de droit pour continuer jusqu’à Bellavista. (…)Nous entendions au loin le murmure du Mapucho dans ses caprices habituels. Le soleil rouge s’enfonçait dans un horizon de vieilles maisons. (…) La rue Juan Vicuna s’étend le long de deux pâtés de maisons coincés entre les rues Santa Rosa et San Francisco, à quelques mètres de l’avenue Matta et du Barrio Franklin ; elle a un abattoir, des magasins de légumes secs et des trottoirs bourrés de vendeurs ambulants. »

Heredia, le détective privé et solitaire, reçoit une lettre envoyée de Buenos Aires par Fernanda Arredondo, une journaliste avec laquelle il a eu une liaison cinq ans plus tôt. Il n’ouvre pas la lettre immédiatement et erre dans la ville. Son ami policier, Dagoberto Solis, l’appelle et lui apprend qu’une femme a été trouvée morte dans une chambre d’hôtel. Elle s’y était installée il y a deux jours. Le nom de Heredia figure parmi les appels téléphoniques de l’hôtel. La victime est Fernanda. Le détective s’en veut. S’il s’était manifesté plus rapidement, aurait-il empêché sa mort ?

Le médecin légiste a conclu à un suicide par overdose. Plusieurs indices contredisent cette explication. La jeune femme a été assassinée et son meurtrier a essayé de maquiller son forfait en suicide. Alors que la hiérarchie de Solis veut clore l’enquête, le policier accepte d’aider Heredia à recherche l’assassin de la journaliste. (suite…)

SANTIAGO par Boris Quercia : La légende de Santiago (Editions Asphalte)

QUERCIA LEGENDE SANTIAGOSantiago, 5,5 millions d’habitants et une agglomération de 7 millions. « En prenant la rue Bandera, on peut rejoindre un grand axe qui traverse le fleuve Mapocho et se prolonge dans l’avenue Independencia, avec ses quartiers remplis de Colombiens, de Haïtiens, de Péruviens et de Vénézuéliens. » Le Paseo Bandera est une rue très fréquentée du centre-ville. Elle est devenue piétonne après des travaux et la réalisation d’une immense fresque de 1000 mètres carrés sur są surface asphaltée. Peinte en trente jours par vingt artistes muraux, chiliens et latino-américains, cette œuvre d’art offre des tourbillons de couleurs arc-en-ciel très vives et évoque l’histoire et la culture du pays Le rio Mapocho esst un cours d’eau de cent kilomètres de long qui traverse la région métropolitaine de Santiago avant de se jeter dans le fleuve Maipo. « Je descends rue San Diego, près du théâtre Caupolican. » Ce théâtre inauguré en 1936 est principalement l’une des principales salles de concert du Chili avec une capacité de 5.400 places dont 4.500 assises.

Policier dans la ville, Santiago Quinones entame ce qui apparaît comme une descente aux enfers. Il euthanasie en l’étouffant le compagnon mourant de sa mère sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit. Mais son acte le ronge. Il pressent que son amie Marina qu’il aime malgré qu’il soit périodiquement infidèle ne va pas tarder à mettre fin à une relation de plus en plus bancale. Gustavo, le demi-frère dont il a appris il y a peu l’existence essaie avec une insistance pesante de se rapprocher de lui pour des raisons qui lui échappent. Un proxénète qu’il poursuit dans un centre commercial trébuche sur un fil tendu dans un escalier et fait une chute mortelle qui lui sera imputée comme une nouvelle bavure à son actif. (suite…)

LE DESERT DE L’ATACAMA par Roberto Ampuero : Le rêveur de l’Atacama (Editions 10/18)

AMPUERO ATACAMALe désert de l’Atacama, au nord du Chili, est le plus aride au monde. Il monte du Pacifique jusqu’aux pics de la Cordillera de la Sal. San Pedro de Atacama est un village situé au milieu de ce désert à deux mille cinq cents mètres d’altitude, au pied de deux volcans (Licancabur et Sairecabur) de plus de 5900 mètres de hauteur. Avec des précipitations moyennes de 35 millimètres par an, cette localité de 5000 habitants ne survit que grâce à deux ruisseaux qui la traversent et ç une nappe d’eau souterraine alimentée par les orages qui se déversent dans la cordillère. « Le désert recelait une riche palette de nuances scintillantes (…). A des éclats de plomb ou de jarosite, blancs, jaunes ou orange succédaient des miroitements marbrés, verts, rosés, vermeils, aux teintes cuir ou ocre pur. Puis (…) surgissaient d’étonnantes et minuscules plaines cultivées ou de profondes ravines. » (suite…)

SANTIAGO DU CHILI par Ramon Diaz-Eterovic : La couleur de la peau (Editions Métailié Noir)

ETEROVIC COULEUR PEAUSantiago du Chili. Les courbes lointaines de la cordillère des Andes se profilent à l’horizon. La rivière Mapocho s’écoule lentement à travers la ville. Et il y a toujours « le Parque Forestal et ses couples d’amoureux, les fruits du Marché central », des places comme la place d’Armes où se croisent « acteurs de rues, peintres, hommes statues, prédicateurs, vendeurs de posters et de livres », mais aussi où Heredia, le privé désabusé et fauché, rencontre un Péruvien, Aparicio Mendez, parmi d’autres de ses compatriotes, souvent immigrés clandestins qui recherchent travail, logement et fortune. Le détective le traîne à są suite dans ces bistrots qu’il affectionne et où ils peuvent tromper ensemble leur solitude.
Deux semaines plus tard, le même Mendez lui présente Roberto Coiro, péruvien comme lui, qui s’inquiète de la disparition de son frère, Alberto. Faute d’autres clients, sans enthousiasme, Heredia accepte d’effectuer quelques démarches pour le retrouver. (suite…)

SANTIAGO DU CHILI par Boris Quercia : Tant de chiens (Editions Asphalte et Livre de Poche)

QUERCIA CHIENSLes rues, les places, les parcs, les stations de métro de Buenos Aires, les bords de la rivière Mapocho sont des lieux de passage mais aussi parfois de refuge pour le flic Santiago Quinones quand de chasseur il devient proie. Toujours adepte de restauration rapide, il se gave de chacareros (sandwiches faits de viande grillée, de haricots verts et de piment frais), de chemilicos (sandwiches composés de viande grillée et d’un œuf sur le plat) arrosés ou non de bières ou de piscolas (cocktail de pisco et de Coca-Cola).

Son équipier Jimenez se fait abattre sous ses yeux lors d’un assaut contre des narcotrafiquants. Deux agents des Affaires internes, la police des polices, interrogent Quinones sur son partenaire qu’ils soupçonnent d’être impliqué dans des activités illégales. Yesenia, une jeune femme qui a été sa voisine pendant son enfance l’aborde pendant les obsèques de Jimenez et lui demande de tuer son beau-père qui la bat, la viole et la livre à la prostitution. (suite…)

SANTIAGO DU CHILI par Ramon Diaz-Eterovic : Les yeux du cœur (Editions Métailié)

ETEROVIC YEUX COEURHeredia, le détective privé désabusé qui discute avec Simenon, son chat blanc et l’écoute avec agacement dispenser des conseils qu’il ignore, déambule dans les rues et les places de Santiago et traîne sa mélancolie de bar en bar où il soliloque seul ou se confie à d’autres solitaires comme ce « Scribouillard », Franklin Seron, le vieux policier mis à la retraite, ou Marconi, le patron argentin d’un troquet où il fait parfois escale. Son chemin le conduit au long des grandes artères de la ville, dans le Parque Florestal, sur le pont qui enjambe le Mapocho, la plaza Italia ou la plaza San Bernardo où l’un de ses amis dort dans une voiture.

Heredia est sollicité par un journaliste et un homme politique pour retrouver Traverso, un responsable du parti de ce dernier qui a disparu depuis plusieurs jours. Pas très convaincu mais, comme toujours, à court d’argent, il accepte la mission. Il a lui-même connu Traverso à l’université dans les mois qui ont précédé le coup d’Etat de Pinochet. En fouillant l’appartement du disparu, il découvre la photo du groupe d’étudiants dont ils faisaient partie. Les visages de ceux qui sont morts sont entourés d’un cercle rouge. (suite…)

SANTIAGO DU CHILI par Boris Quercia : Les rues de Santiago (Editions Asphalte et Livre de poche)

QUERCIASantiago Quinones, flic de la Police d’investigation du Chili (PDI), qui doit son prénom à son grand-père et non à la ville, sillonne les rues de celle-ci à pied, en voiture, en autobus, égrène les noms des artères (Huefanos, Banderas, Esmeralda), des lieux (plaza Italia, parque Forestal) et des quartiers, populaires ou plus aisés, anciens ou nouveaux qu’il traverse (Mapucho, Puento Alto, Maipu).

Au fil de ses allées et venues, il consomme dans des bars ou emporte avec lui des en-cas de la restauration rapide chilienne comme des sopaipillas sopadas (beignets de potiron trempés dans de la mélasse), des fricandelas (hamburgers à la viande panée et frite) ou des lomitos (sandwiches avec steak et légumes). (suite…)