JERUSALEM par Batya Gour : Meurtre au Philarmonique (Librairie Arthème Fayard et Folio policier)

GOUR PHILHARMONIQUEAvec ses 900.000 habitants, Jerusalem est surnommée « la ville trois fois sainte » puisqu’elle constitue le carrefour des religions chrétienne, musulmane et judaïque. A 746 mètres d’altitude, elle est cernée par sept collines dont le mont Scopus (826 mètres). Si l’État d’Israël en a fait sa capitale, ce statut n’est reconnu que par un nombre limité de pays, la plupart des ambassades étant établies à Tel-Aviv. Les bâtiments des trois religions constituent la richesse de son architecture. Les Palestiniens revendiquant aussi leur souveraineté sur la ville, celle-ci demeure un ferment majeur du conflit israélo-palestinien. « Impossible de vivre dans cette ville, entre des attentats, les enterrements importants et les visites officielles avec leur cortège de limousines et de motos ! Tout est bon pour arrêter la circulation. Même s’ils doivent se rendre à deux pas, de l’hôtel King David à la rue Balfour par exemple, ils bloquent tout. »

Le commissaire Michaël Ohayon recueille un bébé qui a été abandonné dans l’escalier de son immeuble. Il décide de s’en occuper et obtient l’aide de sa voisine, Nita Van Helden, une célèbre violoncelliste, qui a elle-même accouché quelques mois plus tôt. Sympathisant, ils conviennent de se faire passer pour un couple pour que Obayon puisse demander l’adoption du nourrisson.

Son entourage essaie de l’en dissuader, jugeant qu’il ne pourra pas concilier les exigences de son métier avec cette paternité d’adoption. Seule Nita prend son parti. Elle l’invite à assister à un concert à la Philharmonique dont l’orchestre est dirigé par son frère Théo et dont elle fait partie avec Gaby, son autre frère. Leur père Félix brille par son absence. Et pour cause. Son corps sans vie est retrouvé dans son appartement, ligoté dans un fauteuil, apparemment étouffé par le bâillon qui entrave sa bouche. Un tableau de grande valeur, des bijoux et de l’argent ont été volés. L’hypothèse d’un cambriolage qui a mal tourné semble s’imposer mais quelques indices sèment le doute. Ohayon est dans une position inconfortable. SA proximité avec Nita, la fille de la victime, l’empêche d’être objectif selon ses collègues qui lui demandent de se récuser, ce qu’il refuse de faire. Les drames s’accumulent pour lui. L’assistance sociale lui retire le bébé et Gaby est égorgé à l’issue d’une répétition. Pour les enquêteurs, les deux crimes sont liés et la piste du cabriolage ne tient plus. La clef de l’énigme doit se trouver parmi les membres de l’orchestre ou la famille Van Helden.

« Meurtre au Philharmonique » s’adresse d’abord à des mélomanes amateurs de polars ou inversement. Batya Gour s’attarde sur l’histoire de la musique, ses périodes baroque et classique, sur la technique de différents instruments, le décryptage de plusieurs œuvres et le travail de création de certains compositeurs. Seuls les plus avertis peuvent faire la part de ce qui relève de la réalité historique ou de l’imagination de l’auteure. L’avancée de l’enquête, les conflits entre policiers sont aussi suivis pas à pas comme la relation entre Michaêl Ohayon et Nita Van Helden qui est mise à l’épreuve par les drames qui touchent les deux personnages qui ne trouvent leur sérénité que dans leur métier. L’auteure décrit les motivations et les états d’âme des protagonistes et entretient longtemps le suspense sur une mystérieuse partition qui se révélera être le mobile des crimes et démasquera l’assassin.