A LA DECOUVERTE DE STOCKHOLM (SUEDE) EN 1972 avec Maj Sjöwall et Per Wahlöö: La chambre close (Union générale des éditions et 10/18)

« Au moment où elle sortit de la bouche de métro de Wollmer Yxkullsgatan, deux heures sonnaient à l’église Sainte-Marie. Elle s’arrêta pour allumer une cigarette, avant de se diriger à grands pas vers la place de Mariatorget. (…) Puis elle se dirigea vers l’Ecluse et prit le métro pour rentrer chez elle. (…) La plupart des gens l’aurait qualifié de logement de rêve, situé comme il l’était au dernier étage d’un immeuble de Köpmansgatan, au cœur de la Vieille Ville. (…) En face, se trouvait le parc de Kronoberg qui, comme la plupart des parcs de Stockholm, était situé sur une hauteur naturelle. Martin Beck l’avait souvent traversé à l’époque où il travaillait à Kristineberg. Il montait alors l’escalier de pierre qui se trouve au coin de Polhemsgatan et gagnait le vieux cimetière juif, dans l’angle opposé. ((…) Il suivit le quai de Skeppsbron, sous le soleil, respirant à pleins poumons un air parfaitement pollué. (…) Il suivit Kungsholmsgatan, puis franchit le pont de Kungsbron, avant de longer Kungsgatan jusqu’à Sveavägan, où il bifurqua vers le nord. (…) Mauritzon descendit l’escalier, hésita un instant et se dirigea vers Agnegatan. Puis il tourna à droite, alla jusqu’à Hantsverkargatan, tourna à gauche et continua jusqu’à l’arrêt d’autobus de Kungsholmstorg. »

Une jeune femme braque une agence bancaire. Un client tente de la désarmer. Elle le tue d’une balle de pistolet dans la poitrine. Elle prend la fuite à pied. Les témoins de la scène induisent les policiers en erreur. Ils prétendent qu’elle est montée à bord d’une voiture où l’attendaient deux comparses. Ils finissent par avouer qu’ils ne savent même pas si le vol a été commis par une femme ou un homme déguisé.

Le commissaire Martin Beck reprend du service après quinze mois de convalescence suite à une blessure par balle. Sa première enquête porte sur un meurtre en « chambre close ». Le cadavre d’un homme est découvert dans un appartement deux mois après sa mort. Les premiers policiers arrivés sur place concluent à un suicide puisqu’ils ont dû enfoncer la porte d’entrée solidement fermée au moyen de plusieurs verrous. Toutes les fenêtres étaient elles aussi hermétiquement fermées. Mais hypothèse ne tient pas longtemps. Le pistolet qui a tué la victime d’une balle dans la tête est introuvable. Les enquêteurs l’ont vainement cherchée dans l’appartement. Le mort était un solitaire, sans amis, à la retraite et pourtant avec un compte bancaire conséquent.

Deux malfrats spécialisés dans les hold-up préparent le braquage d’une grande banque. Ils font pour cela appel à deux complices allemands. Un homme qui est à leur service est arrêté lors d’un contrôle de routine. Les agents trouvent de la drogue dans son sac. Pour échapper à la prison, il dénonce les deux truands. La police organise un guet-apens pour les interpeller dans un appartement. L’opération échoue lamentablement. Quand les policiers pénètrent dans les lieux, ils ne trouvent personne mais, dans la confusion, ils se tirent dessus. Plusieurs sont blessés. Ne s’avouant pas vaincus, les enquêteurs veulent appréhender les braqueurs lors de l’attaque de la banque. A nouveau, cela ne se passe pas comme prévu.

Maj Sjöwall et Per Wahlöö portent un regard ironique sur le fonctionnement de la police suédoise, son inefficacité, le manque de motivation d’agents qui se sont engagés par défaut, les réunions inutiles,  des chefs éloignés des réalités du terrain, la priorité excessive donnée à la menace terroriste (au début des années 70)et aux menaces de manifestations contre la présence américaine au Vietnam. Ils jugent la société suédoise plus inégalitaire qu’elle ne prétend l’être. Les laissés pour compte sont nombreux et certains d’entre eux font le choix de la délinquance, du chantage, des braquages, du trafic de drogue pour s’en sortir. La solitude est un autre mal qui frappe ce « modèle suédois ». Martin Beck est l’un de ces solitaires depuis qu’il a quitté sa femme et se réfugie dans un travail où il finit par faire une rencontre qui le réjouit.

Sjöwall et Wahlöö offrent un nouveau polar social qui observe sans complaisance la Suède des années pourtant fastes du début des années 70. Leur style fluide séduit une fois de plus.

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